L'acouphène pulsatile : le point de vue de Pr Houdart, neuroradiologue interventionnel
- Asso
- 25 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 sept.
Les syndromes de Minor : le point de vue du neuroradiologue interventionnel

L’objet de ce court article, rédigé à la demande de Mme MARRE, vice présidente de l'association "Syndrome de Minor ou Syndrome de déhiscence du Canal semi-circulaire supérieur", est de fournir quelques précisions sur l’un des symptômes rencontrés dans les syndromes de Minor, symptôme régulièrement exploré par l’auteur de l’article : l’acouphène pulsatile.
Qu’est-ce qu’un acouphène pulsatile ?
Un acouphène est un son simple perçu en l’absence de son extérieur.
Simple signifie que le patent n’entend pas des voix ou une phrase musicale mais un bruit répétitif et monotone. Cependant, ce terme générique doit toujours être associé à un adjectif qualificatif qui définit le type de l’acouphène car il n’existe pas un mais des acouphènes. Un acouphène pulsatile est un son rythmé par les battements du cœur, et c’est ce type d’acouphène qui est entendu par les patients souffrant d’un syndrome de Minor.
Comment un bruit pulsatile peut-il apparaitre un jour dans une oreille ?
Les deux maitres-mots sont turbulence et déhiscence.
Une turbulence est l’augmentation de la sonorité d’un flux vasculaire à proximité de la cochlée (une cascade apparait près de l’oreille). Une déhiscence est la perte de l’isolation phonique que l’os crée normalement entre l’oreille interne et les liquides intracrâniens (le coffrage d’une canalisation est retirée rendant sonore le liquide qui y circule). C’est ce second mécanisme qui est en cause dans les syndromes de Minor.
Pourquoi utiliser le pluriel et parler des syndromes de Minor ?
Parce que depuis la première publication du Dr Minor, il est apparu que la déhiscence du canal pouvait se faire dans deux structures qui lui sont voisines : l’espace sous-arachnoïdien (Minor I) ou le sinus pétreux supérieur (Minor II). Cette distinction, visible sur le scanner des rochers, n’a pas qu’un intérêt anatomique (ou académique) : elle a une traduction clinique et une conséquence thérapeutique.
Minor I ou déhiscence du canal dans l’espace sous-arachnoïdien
L’espace sous-arachnoïdien est un espace qui entoure le cerveau et la moelle épinière et qui est rempli de liquide céphalo-rachidien (LCR). Ce liquide est pulsatile car le cerveau est ébranlé à chaque contraction cardiaque par le jet du sang artériel et retransmet cet ébranlement à tous les liquides intracrâniens.
Dans le cas du Minor I, l’acouphène pulsatile est lié à la transmission de la pulsatilité du LCR à l’oreille interne. L’acouphène est pulsatile et toujours de tonalité sourde (comme un bruit de tambour). Il ne s’interrompt ni lors de la compression de la veine jugulaire interne ni lors de la compression de la carotide commune (laquelle peut cependant réduire la cadence du son).
Ces compressions font partie de l’examen clinique de tout acouphène pulsatile et doivent être effectuées par le praticien lorsqu’il reçoit un patient se plaignant de ce symptôme.
Dans le Minor I, l’acouphène pulsatile est dit « neutre » c’est-à-dire non interrompu par la compression des vaisseaux cervicaux. Le traitement éventuel du Minor I ne peut être que chirurgical car on ne peut pas par voie radiologique accéder à l’espace sous-arachnoïdien.
Minor II ou déhiscence du canal dans le sinus pétreux supérieur
Le sinus pétreux supérieur est un vaisseau (et non un sinus de la face) contenant du sang veineux. Il s’abouche dans le sinus latéral qui draine le sang veineux dans la veine jugulaire interne.
L’acouphène pulsatile est dans ce cas lié à la transmission en excès du son du flux veineux (et non du LCR) au canal semi-circulaire supérieur.
Dans le Minor II, l’acouphène est pulsatile mais sa tonalité est soit sourde soit soufflante (comme le bruit d’un Doppler). A la différence de ce qui est constaté dans le Minor I, l’acouphène pulsatile du Minor II s’interrompt à la compression de la veine jugulaire du côté de l’acouphène et, pour le praticien, l’acouphène pulsatile est dit veineux. La compression de la veine jugulaire interrompt (le temps de la compression) la circulation veineuse dans le sinus latéral et dans les sinus qui en dépendent comme le sinus pétreux supérieur et ce faisant interrompt l’acouphène pulsatile.
La conséquence thérapeutique est qu’il est possible de traiter une déhiscence de ce type en passant par l’intérieur de la veine (intervention neuroradiologique). Le principe de cette intervention est d’implanter un stent (sorte de tube fait d’un grillage métallique) dans le sinus pétreux supérieur en regard de la déhiscence de façon à recréer l’isolation phonique manquante. L’intérêt de cette approche est d’être moins invasive que la chirurgie et de respecter la perméabilité du canal semi- circulaire supérieur.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’acouphène pulsatile, vous pouvez consulter la page Instagram



Commentaires